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IIVG, IMG, fausse couche : pourquoi ce deuil est-il si souvent minimisé ?

  • Photo du rédacteur: noemie clavaressa
    noemie clavaressa
  • il y a 21 minutes
  • 6 min de lecture

Je suis Valérie Garsaud, kinésiologue au Pian-Médoc. J’accompagne depuis plusieurs années des femmes confrontées à un deuil après une IVG, une IMG ou une fausse couche, parfois vécu dans un profond silence intérieur.

Ces événements, bien que différents sur le plan médical, ont un point commun essentiel : ils peuvent laisser une empreinte émotionnelle durable, souvent minimisée, banalisée ou non reconnue. Beaucoup de femmes arrivent en consultation en me disant : « je suis passée à autre chose », « ce n’était pas un vrai deuil ».

Et pourtant, le corps et le psychisme, eux, n’oublient pas.


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Deuil périnatal : une réalité encore trop restrictive

Le deuil périnatal est aujourd’hui un terme reconnu. Il désigne généralement la perte d’un bébé pendant la grossesse ou autour de la naissance, comme une fausse couche, une IMG ou un décès néonatal.

En revanche, l’IVG reste très souvent exclue de cette définition, comme si elle ne pouvait pas donner lieu à un véritable deuil. Or, sur le plan émotionnel et systémique, je constate en consultation que la souffrance peut être tout aussi profonde, parfois même plus complexe à exprimer, car elle se heurte à la culpabilité et au tabou.

La question des mots utilisés pour parler de ces pertes est centrale. À ce sujet, plusieurs professionnels soulignent l’importance de la délicatesse des mots face au deuil périnatal, afin de ne pas renforcer le silence ou la culpabilité autour de ces vécus.


Le deuil invisible après une IVG, une IMG ou une fausse couche

On parle ici de deuils invisibles, car ils ne donnent pas toujours lieu à une reconnaissance sociale, familiale ou symbolique. Il n’y a souvent ni rituel, ni espace de parole sécurisé, ni légitimité accordée à la douleur.

Et pourtant, il y a bien perte.

Perte d’un projet, d’une possibilité, d’un lien déjà ressenti intérieurement.

Ce qui n’est pas reconnu, nommé ou symbolisé reste actif dans l’inconscient.


Des deuils souvent minimisés ou non accompagnés

Dans notre société, l’IVG est majoritairement pensée comme un droit, ce qu’elle est, mais beaucoup plus rarement comme une épreuve émotionnelle complexe.


En consultation, je rencontre des femmes qui se sentent illégitimes dans leur souffrance, avec cette phrase qui revient souvent : « Je n’ai pas le droit d’aller mal, c’était mon choix. »

L’IMG, quant à elle, est très médicalisée, encadrée, parfois justifiée par la survie ou la santé. Cette dimension médicale peut rendre l’expression de la douleur encore plus difficile : « C’était nécessaire, donc je ne devrais pas ressentir cela. » Or, le fait qu’une décision soit médicalement justifiée n’annule en rien l’impact émotionnel vécu par la femme.


L’ING, ou fausse couche, est fréquemment banalisée. Les phrases comme « c’est fréquent » ou « tu en auras d’autres » sont courantes. Elles partent souvent d’une intention de réconfort, mais elles peuvent empêcher la reconnaissance d’un véritable deuil après une fausse couche, pourtant bien réel.


Les travaux en psychologie périnatale montrent que ces vécus, lorsqu’ils ne sont pas reconnus ou accompagnés, peuvent générer un sentiment de solitude profonde, une culpabilité persistante, une tristesse non élaborée, parfois un vécu traumatique, ainsi qu’un clivage émotionnel entre ce qui est ressenti intérieurement et ce qui est montré à l’extérieur.

Lorsque le deuil n’est pas reconnu, il ne peut pas s’intégrer. Ce qui n’est pas nommé, reconnu ou symbolisé reste actif dans l’inconscient, et peut continuer à agir à travers le corps, les émotions, les relations ou la vie familiale.


IVG et souffrance psychologique : un vécu souvent minimisé

L’IVG est un droit fondamental. Mais le fait qu’un choix soit légal ou nécessaire n’annule pas l’impact émotionnel. Certaines femmes ressentent une culpabilité persistante, une tristesse inexpliquée, un sentiment de solitude, voire un vécu traumatique.

Lorsque la décision n’a pas été totalement libre, qu’elle a été influencée par le partenaire, la famille, le contexte social ou médical, ces émotions peuvent être encore plus difficiles à intégrer.


IMG et fausse couche : quand la douleur n’a pas sa place

Dans le cadre d’une IMG, la justification médicale peut rendre la souffrance encore plus illégitime. Beaucoup de femmes se disent : « je n’ai pas le droit d’aller mal, c’était nécessaire ».

La fausse couche est souvent banalisée. Pourtant, le deuil qui l’accompagne est bien réel.

Les actions de sensibilisation au deuil périnatal, portées notamment par les institutions de santé, rappellent l’importance de reconnaître ces vécus et d’ouvrir des espaces d’accompagnement adaptés.

La grossesse : une période de grande vulnérabilité émotionnelle

La grossesse est une période de vulnérabilité psychique et physiologique majeure. Elle réactive les blessures précoces, les manques affectifs, les peurs archaïques et parfois des mémoires transgénérationnelles.

Vivre une IVG, une IMG ou une fausse couche dans ce contexte peut amplifier l’impact émotionnel et laisser une empreinte durable si aucun accompagnement n’est proposé.

Lecture systémique : ce qui est exclu agit

En systémie familiale, un principe est fondamental : tout être appartenant au système a une place, même lorsqu’il n’est pas né.

Lorsqu’un enfant, réel ou symbolique, est exclu, le système cherche inconsciemment à rétablir un équilibre. Cette exclusion peut se manifester à travers des schémas répétitifs, des blocages ou des symptômes sans lien apparent avec l’événement initial.

Le cas particulier des jumeaux perdus

Dans certaines situations, notamment après une fausse couche ou une grossesse interrompue très tôt, il arrive qu’un jumeau ait existé sans être reconnu. On parle alors de jumeau perdu.

Cette notion ne concerne pas uniquement les grossesses gémellaires identifiées médicalement. Il peut s’agir d’une présence ressentie très tôt, vécue corporellement et émotionnellement par la mère.

Certaines familles trouvent aujourd’hui des espaces pour reconnaître symboliquement ces enfants, notamment à travers ce que l’on décrit comme des cimetières numériques pour les enfants mort-nés, permettant de briser le silence et d’honorer leur existence.


 Tableau synthétique des vécus émotionnels


Impact sur les enfants nés avant ou après

Les enfants nés après une IVG, une IMG, une fausse couche ou un jumeau perdu peuvent porter inconsciemment des croyances telles que « je suis un enfant de remplacement », « je dois réparer » ou « je n’ai pas le droit de vivre pleinement ».

Cela peut se traduire par de l’anxiété, des troubles du sommeil ou un sentiment diffus de ne pas être à sa place.

Les enfants nés avant peuvent, quant à eux, porter une culpabilité inconsciente, avec un sentiment de responsabilité excessive vis-à-vis de la fratrie.


Les répercussions possibles chez la femme

Lorsqu’un deuil périnatal ou un deuil après IVG n’est pas intégré, j’observe fréquemment des difficultés relationnelles, des schémas de sabotage, une incapacité à mener des projets à terme ou encore des somatisations.

Ces mécanismes inconscients donnent l’illusion de réparer ou de payer une dette, tout en maintenant la perte non reconnue active dans le système.


Ce que j’observe en consultation

« Je reçois de très nombreuses femmes qui ont traversé une IVG, une IMG ou une ING dans une profonde solitude. Presque toutes commencent par minimiser : “non mais ce n’est rien”, “c’est oublié”, “je suis passée à autre chose”.


Et pourtant, dès que nous travaillons en profondeur, dès que l’espace est suffisamment sécurisant, elles s’effondrent souvent et libèrent enfin ce qui était retenu depuis parfois des années. »

Dans ma pratique, je constate que les vécus liés à une IVG, une IMG ou une fausse couche restent encore très tabous. Ils sont rarement nommés et presque jamais partagés au sein de la famille. Lors de nombreux accompagnements d’enfants, notamment pour des troubles du sommeil inexpliqués, cette dimension apparaît comme un élément central que j’explore systématiquement.


Très souvent, l’enfant ne connaît pas l’histoire de sa fratrie. IVG, IMG, fausse couche ou jumeau perdu demeurent des non-dits familiaux. Or, ces événements peuvent avoir un impact émotionnel sur l’enfant, même lorsqu’ils n’ont jamais été verbalisés. Mettre des mots sur ce qui a existé, reconnaître symboliquement chaque place au sein de la fratrie, permet bien souvent à l’enfant de retrouver un sommeil plus apaisé, et à la mère de libérer des émotions restées profondément enfouies.

Ce qui est mis en lumière cesse d’agir dans l’ombre.


Ci-dessous le retour d'un client suite à mon accompagnement :


VP C'est avec une grande émotion que j'écris ce message. Madame Garsaud, je ne sais pas si vous vous rendez compte de l'importance que vous avez eue pour ma fille de 9 ans, HPE. Elle vous a fait confiance tout de suite. Au fur et à mesure des séances, ma fille a retrouvé de l'apaisement, son sourire, ses éclats de rire qui m'ont tant manqué. Elle a de nouveau un sommeil apaisé, ne fait plus de crises d'angoisse, les relations avec les autres enfants ont radicalement changé de manière positive. Merci pour ce que vous avez pu lui apporter, je vous en serai toujours reconnaissante.


Conclusion : se faire accompagner après une IVG, une IMG ou une fausse couche

Le deuil après une IVG, une IMG ou une fausse couche ne se manifeste pas toujours immédiatement. Il peut rester enfoui, silencieux, et continuer à agir à travers le corps, les émotions, les relations ou la vie familiale.

Reconnaître ce vécu n’est ni une remise en question de votre choix, ni une culpabilisation. C’est au contraire une manière de redonner une place juste à ce qui a été vécu, afin de pouvoir avancer plus librement.

En consultation, je vous propose un espace sécurisant, respectueux de votre histoire et de votre rythme. Si vous sentez que cette expérience continue d’avoir un impact dans votre vie, se faire accompagner peut être une étape essentielle pour retrouver de l’apaisement, pour vous et parfois pour votre enfant.


📍 J’accompagne les femmes et les familles au Pian-Médoc, sur rendez-vous. Vous pouvez me contacter pour un premier échange afin de voir si cet accompagnement est adapté à votre situation.



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